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L'Union européenne

La constitution d'unions régionales est bien souvent pensée comme le seul moyen de résister à la concurrence, en « pesant plus » dans une économie mondialisée. Le xxe siècle a ainsi vu le développement sans précédent des regroupements régionaux.
Le poids de l'Union européenne élargie (455 millions d'habitants, PIB total d'environ 10 200 milliards de dollars) suffit-il à remettre en cause l'hégémonie américaine (290 millions d'habitants, PIB total d'environ 9 800 milliards de dollars) sur l'économie mondiale ?
1. En quoi l'Union européenne est-elle l'exemple d'un processus d'intégration régionale avancé ?
Lorsque plusieurs nations ou régions constituent un espace économique unique à partir d'économies nationales cloisonnées, on parle de processus d'intégration. Traditionnellement, on distingue cinq étapes dans l'intégration.

Les trois premières étapes ont pour objectif la création d'un grand marché par la suppression des entraves à l'échange.
La zone de libre-échange : aucune barrière tarifaire ou non tarifaire au sein de la zone, mais conservation par chaque pays d'une politique douanière extérieure autonome.
1951 : création d'un marché commun du charbon et de l'acier (la CECA).
L'union douanière : mise en œuvre d'une politique douanière commune aux membres de la zone vis-à-vis de l'extérieur.
1957 : signature du traité de Rome (création de la CEE et mise en place progressive d'une union douanière).
Le marché commun : ouverture de l'ensemble des marchés (biens et services, travail, capital).
1986 : signature de l'Acte unique européen. La CEE devient la Communauté européenne et se dote d'un symbole d'unité : le drapeau européen. L'Acte unique prévoit l'harmonisation des normes, la disparition des contrôles aux frontières, l'ouverture des marchés publics.
L'union économique : approche plus volontariste qui prévoit une régulation du marché par des interventions étatiques (harmonisation des politiques économiques).
1992 : signature du traité de Maastricht (préparation de l'Union économique et monétaire, création de la Banque centrale européenne, adoption du principe de subsidiarité).
L'union économique et monétaire : la zone se dote de politiques communes et crée une monnaie commune, voire unique.
1999-2002 : création de l'Union économique et monétaire (UEM) et adoption de l'euro.

2. Quels sont les avantages et les risques de l'UEM ?
Arme contre la spéculation, l'euro signe la fin de l'instabilité des taux de change et supprime les coûts de conversion. De plus, la volatilité des taux d’intérêt est réduite. Les marchés financiers européens sont plus attractifs. L'euro pourrait à terme concurrencer le dollar dans ses fonctions de monnaie de réserve et d'intermédiaire dans les échanges internationaux. Enfin, la monnaie unique renforce tous les avantages du grand marché en facilitant les économies d’échelle, en aiguisant la concurrence et en stimulant l'innovation. L'offre est ainsi plus concurrentielle et plus lisible pour le consommateur.
Cependant, l'UEM présente aussi des contraintes : la fin de l'autonomie des politiques monétaires, des risques sociaux forts (la concurrence et la transparence des marchés rendent indispensables certaines restructurations) ; enfin, la mise en concurrence des systèmes de rémunération et de protection sociale risque d'accroître les inégalités entre pays.

3. Quelles sont les politiques communes menées par l'Union européenne ?
Les pays appartenant à « l'Euroland » (en 2006, les 15 premiers membres de l'UE, moins le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède pour des raisons politiques) bénéficient d'une politique monétaire commune décidée par la Banque centrale européenne, indépendante des pouvoirs politiques. Celle-ci assure la gestion de l'euro (taux de change) et fixe un taux d'intérêt unique pour toute la zone avec un double objectif : interne (anti-inflationniste) et externe (maintien d'un euro fort par rapport au dollar).
Par ailleurs, l'Europe mène une politique agricole commune (PAC) depuis les années  1960, pour accroître la productivité de l'agriculture, assurer un niveau de revenu équitable aux agriculteurs, stabiliser les marchés et garantir la sécurité des approvisionnements. La PAC repose sur trois principes :

  • l'unité de marché : libre circulation des produits agricoles et unicité des prix à l'intérieur de l'Union) ;
  • la préférence à la production communautaire, qui assure une protection contre les importations à faibles prix et contre les fluctuations du marché mondial) ;
  • la solidarité financière : tous les États participent aux charges générées par la PAC).

Provoquant des surproductions chroniques, un déséquilibre complet du budget de la Communauté et une montée des tensions commerciales internationales, la PAC a été réformée en 1992 (promotion de la qualité, respect de l'environnement).
Concernant les politiques industrielles, les grandes orientations européennes vont dans le sens d'un libéralisme économique maîtrisé, c'est-à-dire vers la constitution d'un grand marché : libre circulation des biens et des capitaux, suppression des monopoles (ouverture du marché de la téléphonie et de l'électricité, par exemple), désengagement de l'État, etc.

4. Quels sont les enjeux économiques et politiques à venir pour l'Union européenne ?
L'Europe a vocation à devenir une fédération d'États et non un État fédéral comme les États-Unis. Il s'agit plus d'un partage de souveraineté que d'un transfert de souveraineté.
Sur le plan économique, la monnaie unique devrait inciter l'Europe à réaliser une plus grande intégration de ses politiques budgétaires.
À terme, la création d'un « gouvernement économique européen » doté d'un budget conséquent pourrait permettre de coordonner les politiques budgétaires autrement que par l'application de critères de convergence et d'articuler politique monétaire et budgétaire (policy mix).
Sur le plan politique, des réformes institutionnelles semblent indispensables : accroissement des pouvoirs du Parlement européen, création d'un exécutif capable d'intervenir dans tous les domaines de compétences de l'Union. Enfin, l'UE doit disposer d'une force militaire d'intervention. C'est à toutes ces questions que le projet de Constitution européenne doit répondre : l'Europe, qui comprend désormais 25 membres, doit tendre vers une cohésion politique.

La citation
« C'est la force de l'économie qui fait la force d'une monnaie et non l'inverse. » (Raymond Barre, Économie politique, 1997)

Prof.: Tchamgoue Buttinol Pierre   - Thomasta.com -  Contactez-nous